Il est courant d’opposer lumières naturelle et artificielle, chacune possédant ses propriétés et son mode de fonctionnement. Mais serait-il possible d’inverser, d’intervertir ces deux notions? De créer ex-nihilo une lumière naturelle, et d’artificialiser celle du soleil?
Dans un immeuble triangulaire du début du XXe siècle, cet appartement se caractérise par sa forme étirée et son manque d’ensoleillement (entre une cour sombre et un mur mitoyen percé de trois jours de souffrance).
Auparavant segmenté et en enfilade, l’espace est ponctuellement altéré dans notre proposition afin d’exploiter pleinement son caractère longitudinal. Le long du mur mitoyen, espace de circulation mais aussi zone la plus sombre, une ligne de lumière, sorte d’horizon éblouissant et variable, est mise en œuvre grâce à une série de lampes à filament en tubes linolites, à l’IRC de 100. Ainsi, au lieu d’amplifier simplement la luminosité ambiante des quelques baies, ou bien de disposer de façon conventionnelle de nouvelles sources artificielles, il s’agit ici davantage de la création d’une sorte de second soleil, étiré et changeant non selon l’heure de la journée mais selon l’usage. A contrario, les faibles rayons pénétrant par les jours de souffrance se trouvent refletés, diffractés et filtrés par le tableau en inox poli miroir, la lumière acquérant ainsi un caractère artificiel, presque anecdotique.
Par la création d’un élément mobilier de 7m de long, intégrant la plupart des fonctions de cuisine, des rangements et autres, le projet suggère des usages en liaison avec cette ligne de lumière, comme un nouvel héliotropisme.
Architects : Nicolas Dorval-Bory, Raphaël Bétillon