Le manque de lumière naturelle de ce petit studio a conduit le client à nous demander d’intervenir particulièrement sur la question de l’éclairage artificiel. Nous avons adopté une approche radicale et binaire, en étudiant les qualités spectrales de deux sources de lumière artificielle différentes. Pourtant méconnu, l’indice de rendu des couleurs (IRC) est un des critères fondamentaux pour apprécier la lumière, dépendant de sa distribution de puissance spectrale. Il qualifie sa capacité à renvoyer avec exactitude les couleurs d’une surface. Ici, une première phase a consisté à répartir des éléments de programme selon leur nécessité spectrale : quelles fonctions ont besoin d’un bon rendu des couleurs, quels espaces peuvent s’en passer? Cette première classification génère une hiérarchisation de l’espace : d’un côté la cuisine, le salon, où distinguer les couleurs s’avère nécessaire, d’un autre côté le lit et la douche pour lesquels une lumière monochromatique suffirait. La création d’un simple mur central constitue la première structuration de l’espace. Ce mur délimite deux volumes et devient le support de deux systèmes d’éclairage différents : des lampes au sodium basse pression à l’IRC nul, et des tubes fluorescents à l’IRC élevé. Chacune des deux sources produit une lumière d’environ 16000 lm. L’analyse précise de la répartition de la lumière dans l’espace indique le positionnement des fonctions, dans une forme de plan libre. Les deux sources pouvant être allumées indépendamment, des schémas d’éclairement différents apparaissent, laissant naître des usages imprévus dans telle ou telle zone du studio.
Architects : Nicolas Dorval-Bory, Raphaël Bétillon